Article publié par Frank Niedercorn sur le site « Les Echos«
A partir d’une technologie développée pour la robotique, la jeune entreprise Touch Sensity a mis au point un outil qui permet le contrôle non destructif des matériaux composites utilisés dans l’industrie aéronautique, le ferroviaire ou l’automobile.
Comment faire parler un matériau ou un objet des contraintes subies ou d’un dommage passé ? C’est tout l’enjeu de la technologie mise au point par la jeune société Touch Sensity, qui vise le marché industriel. Accompagnée par la technopole Bordeaux Technowest , la société vient de lever 1 million d’euros dont la moitié est souscrite en capital par les fonds d’investissement Newfund Nouvelle Aquitaine Euskal Herria, Naco, SkalePark et Techno’Start. L’autre moitié étant apportée sous forme de dettes et de subventions par bpifrance et le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
A l’origine, pourtant, Anna Pugach, la cofondatrice et présidente de l’entreprise, destinait cette technologie à un autre usage. Chercheuse en robotique et en science cognitive, la jeune scientifique consacre sa thèse aux robots humanoïdes et au moyen de les doter du sens du toucher, grâce à une peau artificielle. Elle réfléchit ensuite à la possibilité d’utiliser cette technologie dans le domaine des vêtements connectés, pour prévenir les troubles musculosquelettiques.
Faire parler la matière
C’est à l’issue de sa rencontre avec Mehdi El Hafed, jeune ingénieur formé à l’ENSC de Bordeaux, qu’ils mettent le cap sur l’industrie. « La robotique n’est pas encore très développée et le secteur des vêtements connectés déjà extrêmement concurrentiel. L’industrie est, en revanche, en demande de solutions pour l’inspection en temps réel. Nous visons d’abord les composites qui sont les matériaux de l’avenir », résume Mehdi El Hafed, directeur général.
Créée en 2019, la jeune entreprise a remporté le MediSpace Challenge lancé par Airbus Developpement. « Notre système, qui se connecte en différents points du matériau ou de la pièce, envoie des signaux qu’il analyse en retour. Toute l’intelligence se situe dans le traitement du signal, avec les algorithmes capables de faire parler la matière. Ils analysent les déformations en temps réel, mais peuvent savoir si le matériau a subi des dommages », insiste Anna Pugach.
La société, qui vise les marchés de l’aéronautique, du ferroviaire et des transports, devrait embaucher deux personnes supplémentaires d’ici à la fin de l’année et vise une nouvelle levée de fonds à la fin 2022.